Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent en France, avec plus de 55 000 nouveaux cas par an. Il est la cause de 8 000 à 9 000 décès par an en France. Aujourd’hui le très sérieux NHS (système de santé britannique, ndrl) encourage les hommes à éjaculer au moins 21 fois/mois pour limiter les risques, que ce soit lors de rapports amoureux ou par masturbation.
Le NHS se base ainsi sur une étude menée sur 31 925 hommes en bonne santé suivis entre 1992 et 2010. La seule chose qu’ils avaient à faire durant ce long suivi était de renseigner la fréquence de leurs éjaculations. Tous ces hommes étaient âgés de moins de 50 ans.
Verdict : les chercheurs ont constaté une réduction de près d’un tiers du risque de cancer de la prostate chez les hommes éjaculant au moins 21 fois par mois, en comparaison avec ceux n’éjaculant que 4 à 7 fois/mois.
Sauf que les scientifiques n’expliquent pas le pourquoi du comment de ce bénéfice même si de précédents travaux ont conclu que l’éjaculation permettait de se débarrasser de certains éléments favorisant l’apparition de ce cancer.
Des conclusions qu’il faut prendre avec prudence pour plusieurs raisons. Comme l’explique France Info, cette étude n’a pas pris en compte les différences d’habitudes de vie de ces messieurs. Quant à la fréquence des éjaculations, elle n’était basée que sur de simples déclarations…
Une avancée majeure dans le traitement du cancer de la prostate métastatique
L’occasion de revenir sur une étude publiée juste avant l’été. Une avancée majeure dans le traitement du cancer de la prostate métastatique permettrait en effet une augmentation de 38 % des chances de survie ! Ses résultats pourraient venir modifier les standards de traitement des patients atteints d’un cancer métastatique de la prostate qui étaient restés sans grand changement depuis 70 ans.
« Même si le cancer de la prostate est très sensible à une hormonothérapie, nous savons que les inhibiteurs de la testostérone n’éradiquent pas complètement toutes les cellules cancéreuses et qu’il reste une production d’hormone résiduelle. L’essai LATITUDE démontre que l’abiratérone, administrée dès la prise en charge du cancer en plus d’une hormonothérapie conventionnelle diminue d’environ 40 % le risque de décès et de plus de 50 % le risque de rechute du cancer après 2 ans et demi de suivi. Ces résultats majeurs vont changer la prise en charge des patients diagnostiqués d’emblée d’un cancer métastatique de la prostate » a expliqué début juin le Pr Fizazi, chef du département d’oncologie médicale de Gustave Roussy.
LATITUDE est une grande étude clinique comparative (double aveugle contre placebo), internationale et multicentrique (235 centres répartis dans 34 pays), de phase III à laquelle 1200 patients ont participé entre février 2013 et décembre 2014. Son objectif était de mesurer le bénéfice de l’abiratérone sur la survie globale et la survie sans progression du cancer chez des patients nouvellement diagnostiqués d’un cancer métastatique de la prostate. Promu par le laboratoire Janssen, le Pr Fizazi est l’investigateur principal de cet essai.
Avant 2015*, les patients atteints d’un cancer métastatique de la prostate étaient classiquement traités par hormonothérapie conventionnelle afin d’inhiber la fabrication de la testostérone par les testicules. Dans cette étude les patients ont reçu au hasard, en plus du traitement de référence (hormonothérapie conventionnelle), soit de l’abiratérone qui est une hormonothérapie de nouvelle génération qui empêche la production d’hormones androgènes par les glandes surrénales et la cellule cancéreuse elle-même, soit un placebo. La prednisone était associée à l’abiratérone pour compenser les principaux risques de ce médicament (hypertension artérielle et diminution du taux de potassium dans le sang). Les résultats ont démontré que l’ajout de l’abiratérone à l’hormonothérapie conventionnelle améliore non seulement considérablement le pronostic de ces patients (survie globale et survie sans progression de la maladie) mais aussi l’ensemble des complications liées à la maladie. La survenue de complications osseuses (douleurs, fracture, compression médullaire due à l’envahissement tumoral d’une vertèbre) sont décalées dans le temps.
L’abiratérone possède une AMM depuis 2012. Elle est utilisée actuellement comme arme de rattrapage chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique devenu résistant à l’hormonothérapie conventionnelle et en rechute avant ou après une chimiothérapie. « L’avantage de ce médicament est qu’il s’agit d’un traitement oral qui est habituellement bien toléré. Ces importants résultats sont une très bonne nouvelle pour ces patients et nous pensons que le bénéfice sera encore meilleur avec un suivi plus long » espère le Pr Fizazi.
D’autres résultats d’un essai clinique anglais de phase III testant le même médicament sont attendus. La prochaine étape est l’étude européenne PEACE-1 promue par UNICANCER et dirigée par le Pr Fizazi qui évalue l’adjonction de l’abiraterone à un traitement « de base » renforcé comportant hormonothérapie conventionnelle et chimiothérapie. Les premiers résultats sont attendus à partir de 2020.
* En 2015, trois grands essais cliniques français, anglais et américains ont démontré le bénéfice de l’ajout d’une chimiothérapie au traitement hormonal dès le diagnostic d’un cancer métastatique de la prostate
Les explications du Pr Karim Fizazi en vidéo
Le Pr Karim Fizazi de Gustave Roussy a présenté à l’ASCO 2017 les résultats d’une étude montrant que l’administration d’emblée d’abiratérone, en plus d’une hormonothérapie conventionnelle, augmentait d’environ 40% les chances de survie des patients atteints de cancer de la prostate métastatique.